Quelles alternatives à l’effondrement?
A Marseille, le 8 et 9 mars, 500 citoyens ont débattu sur l’effondrement écologique à l’initiative du groupe écologie de la France Insoumise
Tous les compteurs sont au rouge. Les émissions de Gaz à Effet de Serre n’ont jamais été aussi fortes, la planète se réchauffe, les consommations d’eau, d’engrais ou de pesticides explosent, les grandes inondations, les fortes sécheresses ou les grands feux sont de plus en plus fréquents et les espèces disparaissent…Les citoyens sont de plus en plus conscients et se mobilisent largement, mais pourtant c’est l’inaction politique qui prédomine. Pire on privatise le rail, on diminue le fret, et à Marseille, la priorité de la mairie est de construire des routes vers les calanques et des parkings sous les parcs…
Le groupe Écologie marseillais de la France Insoumise a patiemment pendant près d’un an préparer un colloque à l’université sur le site de Saint Charles pour promouvoir le dialogue entre scientifiques, citoyens et politiques sur le thème de l’urgence écologique. Ce colloque qui a eu lieu les 9 et 10 mars 2019 a été un franc succès: plus de 500 participants.
Le weekend a commencé le samedi après-midi par une série de conférences scientifiques et citoyennes, avec Benoit GESLIN sur « Les pollinisations, les pollinisateurs”, avec Hendrik DAVI sur “l’impact du changement global sur les forêts méditerranéennes», deux acteurs d’Alternatiba sur « Le rôle des citoyens dans la bataille climatique», Wolfgang Cramer (expert GIEC) sur « les changements climatiques » et enfin Pablo Servigne (écrivain et écologue) sur «l’effondrement écologique et les luttes à venir».
Le soir une table ronde a été l’occasion d’un riche débat sur les alternatives à l’effondrement avec Wolfgang Cramer (GIEC), Pablo Servigne, Bernard Friot (PCF), Marion Esnault (Alternatiba) et Mathilde Panot (députée LFI). Le représentant d’EELV n’a pu hélas finalement particper au débat.
Pablo Servigne a montré pourquoi face aux risques d’effondrements, il fallait envisager une stratégie du “et” contre celle du «ou» : dans les institutions et dans les luttes, global et local, l’atténuation et l’adaptation. Wolfgang Cramer a dit pourquoi les scientifiques devaient aujourd’hui sortir de leurs réserves pour que les politiques s’engagent enfin dans la transition écologique. Marion Esnault a expliqué pourquoi l’urgence écologique nécessitait de radicaliser encore plus nos luttes et nous poussent à la convergence notamment avec les gilets jaunes.
Bernard Friot a pu y présenter le projet qu’il défend d’une extension du système de sécurité sociale à l’alimentation et au logement. Enfin, Mathilde Panot a rappelé l’importance de la bataille politique, car ceux qui nous gouvernent aujourd’hui pour les 1% qui s’approprient nos richesses, ne sont pas prêts à un changement radical de système. Dans le public, les questions et prises de positions furent aussi nombreuses et riches, notamment celles des lycéens en lutte pour le climat ou celles des gilets jaunes qui étaient aussi présents.
Un atelier des lois a clos le week-end le dimanche matin en permettant aux participants de traduire leurs débats en 2 articles de loi sur le thème “Proposer et agir pour le droit de vivre dans un environnement sain”. Cet atelier des lois participe à un processus plus vaste de co-élaboration d’un programme citoyen qui peut se décliner à la fois au niveau local, au niveau national voir européen. Ce fut un formidable entraînement à l’exercice du pouvoir par et pour le peuple.