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Voter Hamon et subir pendant 5 ans Macron, Fillon ou pire le Pen ?

Après m’être adressé aux potentiels électeurs du NPA et de LO[1], je reviens sur le cas Hamon et le dilemme de ses électeurs. Le 2 Février après son investiture j’écrivais «En restant au milieu du gué, il risque de sombrer[2], car il y a bien deux gauches dans ce pays et les échos de la mobilisation contre la loi travail pourraient se rappeler à son bon souvenir. Mais il peut aussi hélas faire illusion comme naguère Hollande, mais en a-t-il l’étoffe ? ». Il a bien sombré comme je le prévoyais. Mais son score est de nature à empêcher l’accession de Mélenchon au second tour. Il est donc nécessaire de s’adresser à tous ces sympathisants, comme hier soir les journalistes de Médiapart nous y invitaient. Revenons donc sur ce qui pourrait dissuader un électeur de Hamon de voter Mélenchon et ainsi de permettre à Macron, Fillon ou Le Pen d’être au second tour.

Le Pen c’est l’incertitude sur l’avenir de notre démocratie, des menaces à peine voilées sur la liberté syndicale et c’est littéralement prendre le risque d’un embrasement. Fillon c’est la fin de la sécurité sociale, des menaces sur le droit à l’IVG ou le mariage pour tous. Macron c’est la fin de la retraite par répartition et le règne de la précarité. De plus, aucun de ces candidats n’a de programme écologique digne de ce nom. C’est la poursuite du tout-automobile et du nucléaire et aucun investissement dans les transports en commun. Les enjeux ne sont donc pas minces.

Voter Mélenchon, un vote de raison

Sur tous ces aspects, pour un électeur en accord avec le programme de Hamon, voter Jean Luc Mélenchon, ce n’est pas voter utile, c’est juste voter pour un programme très proche de celui de Hamon. D’ailleurs, Hamon et Jadot le reconnaissaient eux même : ils n’ont cessé de signaler cette proximité des programmes entre Février et Mars pour que Jean Luc Mélenchon retire sa candidature….A ce titre voter Mélenchon pour un électeur de Hamon, ce n’est pas la même chose que ce qu’on a appelé « le vote utile » : c’est-à-dire voter pour Hollande qui avait un programme social-démocrate, quand on est un électeur de Mélenchon qui défendait déjà un programme de rupture en 2012. Il existait des différences de nature entre les programmes de Hollande et de Mélenchon en 2012, ce qui n’est pas le cas entre Hamon et Mélenchon.

Donc sans même parler des sondages, la dynamique et la cohérence de la campagne de Mélenchon dont les meetings rassemblent en moyenne 5 fois plus de citoyens que ceux d’Hamon devraient convaincre les électeurs de Hamon de voter Mélenchon.

 Les mauvaises raisons de perdre la raison

Commençons par l’échec des démarches unitaires. Si les programmes sont proches, en février, au sein de la France Insoumise, nous doutions de la capacité de Hamon à mettre en œuvre le sien au vu de la division du PS. Les défections en série au sein du camp de Hamon, nous ont donné raison. Il n’était pas tenable de défendre l’orientation de Hamon et l’investiture de Valls ou El Khomri aux législatives. Par ailleurs, nous disions qu’il serait difficile à un ancien ministre socialiste, candidat officiel du PS, d’incarner l’alternative à Hollande. Alors même que Hamon bénéficiait de l’aura des primaires et de sondages favorables, il a plongé et c’est Mélenchon, qui a réussi à incarner l’alternative à gauche. Encore une fois, nous avions raison. Quand la France Insoumise a cherché à fédérer le peuple, plutôt que de rassembler les partis de gauche, nous avons été critiqués, comparés à le Pen. Certains électeurs de droite, plus rarement du FN, mais surtout de nombreux abstentionnistes ont rejoint notre dynamique. Encore une fois le cours de la campagne, nous a donné raison.

De vraies divergences à débattre sans tomber dans les caricatures

Il reste probablement de vraies divergences sur l’ampleur de la rupture, sur le travail, l’Europe ou la politique internationale. Mais ces divergences sont mineures en vue des enjeux et surtout elles traversent les deux électorats. Personnellement, je ne crois pas en la fin du travail. Par exemple, il faudra des milliers d’heures de travail pour sortir Marseille du sous-développement, pour rendre accessibles tous les transports en commun aux handicapés et aux poussettes, ou pour rénover les milliers de logements insalubres. Par contre, nous sommes tous d’accord pour dire que le temps de travail devra continuer à diminuer.

Nous sommes tous attachés à l’Europe. Nous divergeons sur la stratégie à mettre en œuvre pour réorienter l’Europe, pour plus de social et de démocratie. Les débats entre Généreux et Piketty l’ont bien démontré. De toute façon, Mélenchon mettra au vote par référendum l’accord qu’il aura obtenu. Le débat continuera donc.

Enfin, sur l’international, personne ne soutient les dictatures pas plus Mélenchon qui a soutenu Cuba et le Venezuela dans leur combat contre l’impérialisme US, que Hamon quand il signe des accords de coopération avec Chavez[3].  Reste la position sur la Russie et la Syrie. Personnellement, je pense que l’impérialisme américain constitue la principale menace pour l’humanité. Je me retrouve donc dans le discours de Marseille sur la paix. Nous devons être indépendants à la fois des russes et des américains. Jean Luc Mélenchon ne défend nulle part un accord militaire avec la Russie, il souhaite un retrait de l’OTAN, pour que nous recouvrions notre indépendance stratégique. Après, nous pouvons avoir des désaccords sur la situation syrienne. Je suis à la France Insoumise. Pourtant, je trouve que sur la Syrie, Mélenchon n’a pas assez tenu compte du devenir de la révolution syrienne. Hier soir, Manuel Bompard était plus juste et nuancé sur ce sujet. Il est inutile de figer les positions des uns et des autres et de se caricaturer.

Reste la question de l’autoritarisme supposé de Mélenchon et du sectarisme de la France Insoumise (FI). Continuer à nous caricaturer de la sorte est contre-productif. Il a fallu à Mélenchon et à FI une certaine intransigeance dans une situation politique hautement instable. Sans le choix de Mélenchon nous aurions été à la remorque du PS véritable Titanic de la gauche. Cette intransigeance et le flot de critiques que nous avons subi a pu conduire à des réflexes sectaires dans les différents camps de la gauche. Il faut partout les combattre.

Enfin, notre programme sur la 6ème République est celui qui met le plus en avant les droits démocratiques. L’élaboration du programme a été très participative, bien plus qu’en 2012. 40 livrets, des milliers d’heures de travail et de concertation. Ne pas voir cela est assez insultant. On peut regretter que la situation politique ait conduit à une mise à l’écart de militants de certains partis politiques. Pourtant la porte est ouverte. J’en suis un bon exemple étant à la fois membre d’Ensemble (ex LCR, NPA) et actif dans la France Insoumise (animateur d’un livret et candidat aux législatives).

Sauver le PS ou nos acquis sociaux ?

Peut-on engager l’avenir de nos enfants, la casse de l’école ou de la sécurité sociale, sur ces sujets de divergence aussi importants soient-ils ? Nous avons une chance unique. Faire gagner au sein d’un pays, maillon central dans le capitalisme, une politique de gauche. Une victoire de Jean Luc Mélenchon mettrait un terme à 15 ans de défaites sociales. Cela ouvrirait une dynamique de mobilisation sans précédent. Au regard de ces enjeux, le vote Hamon ne permettra au mieux d’influencer la recomposition au sein du PS. Cela nous fera une belle jambe si le FN ou Fillon sont au pouvoir. Certains peuvent se rassurer en espérant une victoire de Macron. Mais une victoire de celui-ci, c’est l’assurance d’une victoire de l’extrême droite le coup d’après. Partout dans le monde, l’hyper-libéralisme conduit à un moment ou à un autre au post fascisme.

Allez Plenel appel à voter Mélenchon, ta voix compte à gauche !

[1] https://blogs.mediapart.fr/hendrik-davi/blog/130417/la-revolution-et-l-etat

[2] https://blogs.mediapart.fr/hendrik-davi/blog/020217/de-quoi-hamon-est-il-le-nom

[3] http://www.humanite.fr/la-france-renoue-avec-le-venezuela-de-chavez

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